Histoire

Histoire

L’histoire de la Cour permanente d’arbitrage (CPA) et celle de son siège, le Palais de la Paix, sont indissociables.

En 1899, la CPA fut fondée lors de la Première Conférence de la Paix de La Haye, devenant le premier mécanisme global de règlement des différends internationaux.

Afin de soutenir la mission de la Cour, ses États fondateurs décidèrent de construire un palais dédié afin d’encourager les États à résoudre leurs différends de manière pacifique : le Palais de la Paix de la Cour permanente d’arbitrage.

Le Palais de la Paix est le résultat d’un concours d’architecture international. À la fin de l’année 1903, le gouvernement des Pays-Bas nomma une Commission consultative et préparatoire chargée de déterminer les conditions auxquelles le siège de la CPA devrait satisfaire. La Commission visita des palais de justice et des bibliothèques dans divers pays et adopta un cahier des charges initial en février 1904. Une fois le site du palais choisi, le programme final du concours fut publié en août 1905, et un jury international fut chargé de choisir parmi les 216 projets soumis par des architectes du monde entier.

Le projet gagnant fut présenté par l’architecte français Louis M. Cordonnier et combine des éléments architecturaux néo-Renaissance et néo-gothiques, avec des symboles de paix et de justice.

Si la construction a été financée par des dons privés de philanthropes notables, dont Andrew Carnegie, le projet a également bénéficié d’importantes contributions des États fondateurs de la CPA, tous désireux de soutenir la mission de la Cour permanente d’arbitrage en la dotant d’un palais de justice digne de ce nom.

Lors de la Deuxième Conférence de la Paix en 1907, l’un des membres de la délégation française, le baron d’Estournelles de Constant, proposa que tous les États participants fournissent des matériaux pour la construction du Palais de la Paix :

« Le nouvel édifice sera le palais de tous les peuples de la terre. N’est-il pas juste qu’il soit construit avec des matériaux provenant de tous les pays ? Il sera ainsi aussi approprié dans son origine que dans son objectif. Il sera créé de la substance de tous pour l’usage de tous. […]

La Grèce et l’Italie pourraient fournir leurs marbres, l’Amérique et l’Asie leurs bois et métaux précieux, l’Allemagne, l’Angleterre, la Russie, la France, le Japon et l’Espagne, et tous les pays du monde, leurs chefs-d’œuvre d’art national. La dépense individuelle pour chaque pays serait presque insignifiante, tandis que de tels objets constitueraient l’une des collections les plus uniques au monde, digne de notre Cour internationale d’arbitrage. »

La suggestion fut bien accueillie, et lors de sa session plénière du 16 octobre 1907, la Conférence exprima officiellement le voeu que chaque gouvernement signataire de la Convention de La Haye contribue à la construction du Palais de la Cour permanente d’arbitrage en fournissant, en coordination avec l’architecte, des matériaux pour la construction et la décoration, ainsi que des œuvres d’art représentant les plus beaux exemples de leur artisanat national. L’objectif était que le siège de la Cour — symbole de bonne volonté et d’espoir universels — soit édifié grâce aux contributions de toutes les nations.

Le bâtiment en granit, grès et briques rouges combine des éléments de diverses traditions architecturales, symbolisant les apports culturels variés des pays qui ont façonné la CPA. Des nations du monde entier ont offert des matériaux et des œuvres d’art, enrichissant le Palais de leur patrimoine unique. L’Italie a fourni le marbre, la Norvège et la Suède ont donné le granit, tandis que l’Allemagne a offert le portail en fer forgé. Le Brésil a donné des bois précieux pour les boiseries, et la Suisse a offert l’horloge du clocher, portant une inscription en allemand: « Möchte ich mit meiner Geläut den aufrichtigen Frieden verkünden » (« Que mes cloches proclament le son de la paix »). Ces dons n’étaient pas seulement décoratifs, mais représentaient l’engagement commun des États fondateurs de la CPA envers les idéaux de paix et de justice.

Les intérieurs du Palais de la Paix forment une mosaïque de trésors artistiques reflétant la variété du patrimoine culturel des Nations fondatrices de la CPA. Chaque pièce raconte une histoire, à commencer par les exquises tapisseries de soie du Japon qui ornent les murs de la Chambre du Conseil administratif de la CPA — de délicates soieries tissées par quarante-huit mille artisans talentueux sur une période de cinq ans. De Türkiye, un tapis Hereke s’étend sur le sol, ses motifs complexes reflétant le riche héritage textile du pays. Le Danemark a offert une fontaine en porcelaine, la Chine a offert des vases précieux de la dynastie Qing, et les vitraux ont été offerts par divers pays, chacun illustrant des thèmes de justice et de paix.

Outre sa fonction de siège du Bureau international de la Cour permanente d’arbitrage depuis 1913 et de la Cour internationale de justice depuis 1946, le Palais de la Paix sert également de principal lieu d’audience de la CPA et accueille chaque année des dizaines d’audiences d’arbitrage international.